年礼の水仙の香に迎えられ
Visites du Nouvel an –
le parfum des narcisses
pour m’accueillir
Akiko Noguchi
Le « plaisir diffus » du yuki se dégage de l’infinie mouvance des sensations internes, de leur interaction entre elles et avec celui qui les contacte. Si quelque chose se transmet entre la main qui accompagne et la partie accompagnée, ce sont les informations que les sensations communiquent comme autant de notes d’une partition que le corps écrit à chaque instant. La grande histoire des sensations, c’est de se manifester sur en continu et involontairement, selon la nécessité de l’organisme, pour exprimer ses besoins, ou ses non-besoins.
Nous avons l’habitude des sensations externes, celles qui viennent de l’extérieur : la main se tient spontanément à bonne distance du poêle pour se réchauffer sans se brûler.
Les sensations internes, venant de l’intérieur, devraient être encore plus lisibles, et pourtant, nous avons du mal à leur faire confiance. Mettre du chaud ou du froid sur mon poignet foulé ? Quand ? Comment ? Que dire de l’accompagnement des sensations d’autrui ?
Plonger dans l'univers des sensations internes, apprendre à les cueillir et accueillir, les évaluer sans les juger, poser son regard sur elles sans les contraindre, les prendre en main en se laissant sculpter à leur contact, tout cela est encourageant et joyeux. La vie se déroule en direct dans le paysage de la santé.
La main du praticien yukidō se laisse guider par les chaud/froid, tendu/détendu, mouvements/immobilité. Ces sensations internes indiquent si l’organisme a besoin d’effleurement, de contact ou d’appui. Infime ou vaste, pesant ou aérien, fulgurant ou suspendu, le geste d’accompagnement est réévalué à chaque instant pour être adéquat.
On comprend dans cette approche du soin le côté insaisissable et mouvant du ki. Ce qui pourrait à première vue traduire une absence de technique est en réalité un geste d’une précision extrême : au lieu de suivre une carte allant de points en points, d’organes en organes, la main est guidée par la mouvance des flux qui traversent les organes, l’appellent et la modèlent. L’intelligence du corps accompagné prend les rennes, celle du soignant ne peut qu’applaudir à la pertinence des propositions, garante de l’efficacité du soin.
Andréine Bel