séparateur paragraphe

L'appel

September 2023
小綬鶏の  声すぐそこに  霧のなか 

kojukei no
koe sugu soko ni
kiri no naka

Le jeune faisan
une voix juste là
dans la brume


Akiko Noguchi


L’appel des sensations vient d’on ne sait où exactement : dans le paysage du corps, impossible de discerner avec précision d’où il provient.Il est souvent atténué au début. Peut-être demande-t-il de la hardiesse, un apprivoisement par l’accompagné, de ce qui se passe en lui-même ?

Chez les enfants, cette voix des sensations est claire et immédiate. À moins que l’expérience de vie soit déjà si lourde, la brume si épaisse autour de leur cerveau, que les premiers pas vers l’expression des sensations internes sont lents et hésitants.

Il faut souvent aux adultes beaucoup de courage et de persévérance pour que leurs sensations internes intenses – hors de la normalité qui leur est propre – osent se clarifier au point de dire les besoins de l’organisme. Parfois il faut aux sensations crier leur inconfort et devenir douloureuses, assez pour qu’elles soient écoutées et prises en compte. Mais toujours cette expression est bénéfique, pourvu qu’elle soit libre et souveraine, clamant à son rythme les besoins qui « appellent ».

La difficulté pour l’être susceptible de répondre à l’appel est grande. Comment s’approcher assez pour discerner le cours des choses, mais pas trop pour ne pas perturber la hardiesse expressive ? Comment percevoir sans projeter l’imaginaire si prompt à interpréter ? Et toucher sans « vouloir » pour l’autre ?

Dans la brume, le silence est de mise, la main qui approche reste immobile, à l’écoute, à l’affût de ses propres sensations qui reflètent cet appel. Ce n’est qu’avec d’infinies précautions que la main se met en mouvement, quand elle ne peut pas faire autrement. Elle se laisse guider par cette voix sensorielle qui lui indique la voie à suivre pour découvrir le cheminement. Peu à peu la brume se dissipe, l’enfance est là, juste là…