kojukei no
koe sugu soko ni
kiri no naka
Le jeune faisan
une voix juste là
dans la brume
L’appel des sensations vient d’on ne sait où : dans le paysage du corps, impossible de discerner avec précision sa provenance. Peut-être demande-t-il de la hardiesse, un apprivoisement ?
Chez les enfants, la voix des sensations est claire et immédiate. À moins que l’expérience de vie soit déjà si lourde, la brume si épaisse autour de leur tête, que les premiers pas sont lents et hésitants.
Il faut aux adultes courage et persévérance pour clarifier les saisons de l’organisme. Écouter les sensations crier leur inconfort, la douleur son désarroi. Cette expression, libre et souveraine, clame à son rythme les besoins qui « appellent ».
Pour répondre à l’appel, la difficulté est grande. Comment s’approcher assez pour discerner le cours des choses, mais pas trop pour ne pas perturber la hardiesse expressive ? Comment percevoir sans interpréter? Comment toucher sans vouloir pour l’autre ?
Dans la brume, le silence est de mise, la main qui approche reste immobile, à l’écoute, à l’affût de ses propres sensations qui reflètent cet appel. Ce n’est qu’avec d’infinies précautions que la main se met en mouvement, quand elle ne peut faire autrement. Elle se laisse guider par cette voix sensorielle, tracé de la voie à suivre pour découvrir le cheminement. Peu à peu la brume se dissipe, l’enfance et l’art sont là, juste là.
Andréine Bel