oto no naki
toki ni ototate
takesouzu
Dans le silence
parfois un son
la fontaine de bambou
De tous les flux, le plus mystérieux est celui des températures internes. Lui-même dépend des consistances internes, qui à leur tour dépendent des mouvements internes.
Ces trois flux sont la discrétion même. Tant que tout va bien, c’est le silence des sensations. Être « frais et dispos » est notre normalité. Mais qu’une cheville se torde ou que le crâne soit choqué, et c’est le branle-bas de combat des chauds et des froids, des tensions ou engourdissements, des picotements ou grésillements. Que la tête soit en déroute ou que les émotions nous submergent, le corps nous parle. Les misères de la vie, dans leur infinie variété, produisent cet effet sur les flux internes qui accélèrent ou ralentissent, augmentent ou diminuent, se suspendent parfois.
Les mains qui accompagnent deviennent chaudes ou froides, engourdies ou crampées, atones ou fourmillantes. Quelle que soit leur modulation, leur geste se déploie avec précision et lenteur, jusqu’à la fraîcheur du juste milieu. Chemin faisant, elles sont devenues eau, abreuvant les jardins du corps, comme un simple bambou du jardin d’Akiko.
Andréine Bel