oto no naki
toki ni ototate
takesouzu
Dans l’absence de bruit
de temps en temps un son
celui de l’eau dans le bambou
Les flux du corps sont un mystère. Bien sûr, le sang circule, visible et palpable. La lymphe est déjà plus réservée. Il faut la rejoindre sous la peau et dans la profondeur des puits pour trouver son tonus.
Les hormones font leur travail « l’air de rien ». On s’aperçoit de leur mérite quand elles ne circulent plus : c’est un cataclysme lent mais sûr dans l’ensemble du corps.
De tous les flux, le plus mystérieux est celui des températures internes. Lui-même dépendant des consistances internes, dépendantes des mouvements internes.
Ces trois flux sont la discrétion même, tant que tout va bien : être « frais et dispos » est notre normalité. Mais qu’une cheville se torde ou que le crâne soit choqué, et c’est le branle-bas de combat des chauds et des froids, des tensions ou engourdissements, des picotements ou grésillements. De même lorsque le corps ingère un poison ou est envahi de virus et autres organismes. Les misères de la vie, dans leur infinie variété, produisent cet effet sur les flux internes qui accélèrent ou ralentissent, augmentent ou diminuent.
Il leur faut une voie pour se réguler et retrouver l’équilibre. Les mains qui accompagnent deviennent chaudes ou froides, engourdies ou crampées, atones ou fourmillantes. Leur geste se déploie avec précision et lenteur, jusqu’à la fraîcheur du juste milieu. Chemin faisant, elles sont devenues eau, abreuvant les jardins du corps, comme un simple bambou du jardin d’Akiko.
Andréine Bel