Externes ou internes, nos sensations nous renseignent sur ce que le monde nous fait, sur ce que nous faisons au monde et sur l’état dans lequel nous sommes. Et ceci à chaque instant de notre vie, que nous en ayons conscience ou pas, éveillés ou endormis, nos sensations sont à l’œuvre. Elles nous renseignent sur ce qui se passe en nous et nous alertent au besoin.
En matière de santé, il y a deux manières de « regarder le dedans » : soit à partir du dehors, soit à partir du dedans.
Médecine et thérapies explorent l’intérieur de l’organisme à partir du dehors. Il faut la clé pour ouvrir le portail du corps, apprécier son état, sa structure et son fonctionnement, de manière mécanique, chimique, électronique ou sensorielle. Masseur et kinésithérapeute arrivent à percevoir la forme, la température, la texture et le mouvement des organes « sous » leurs mains. Ils établissent un diagnostic, lui-même nécessaire à un protocole de soin faisant appel à une technique donnée.
Mais pourrait-on « regarder le dedans » à partir du dedans et en apprendre quelque chose ? Le point de vue serait tout à fait différent. Or cette capacité, nous l’avons au quotidien. Chaque fois que nous percevons une sensation venant de nous, nul besoin de clé. J’ai froid ? Spontanément je me couvre. Si cela ne me réchauffe pas, une boisson ou un bain chauds conviendront mieux. Ou une friction des membres, ou encore faire le tour du jardin en courant.
Nous entrons ici dans le « soin domestique », où celui qui prend soin – de lui ou d’autrui – est celui qui perçoit de l’intérieur sa sensation interne – seule ou en communication avec celle d’autrui. Il n’y a pas d’intermédiaire, pas de délégation de responsabilité : la sensation interne indique ce qui se passe à chaque instant et quels sont les besoins de l’organisme accompagné. Les besoins vont changer, selon que l’on réponde à leur demande ou pas. Le vivant se met à l’œuvre dans ce jardin suggéré par Akiko-san, qui offre ses fleurs à qui veut bien entrer.
Andréine Bel