La santé est le plus souvent chose donnée, mais on peut la perdre. La retrouver demande une certaine adresse.
Notre corps est un fidèle serviteur dont on peut abuser sans même s’en rendre compte. Il suffit de ne pas répondre au besoin intense de repos pour que l’activité redémarre comme si de rien n’était : le besoin se tait, au moins un moment. Il se représentera bien sûr, en se faisant de plus en plus insistant, mais l’élasticité« naturelle » de l’organisme fait que « ça passe ».
L’activité décline si lentement que l’on n’y prête pas attention dans un premier temps. On devient plus raide : on tombe, se cogne, se foule la cheville… Un rien nous exacerbe, on est à vif. Le caractère devient dur, intolérant. Les réflexes sont moindre. La fatigue n’est plus perçue. Le système immunitaire chute, la libido avec, le goût pour l’effort est remplacé par le forçage, on navigue à vue sans rien voir venir. On s’est insensibilisé à ce qui est anormal pour soi.
Redonner voix au corps, c’est accorder du crédit aux sensations et besoins qu’elles expriment pour savoir quelle réponse leur apporter. Cela paraît simple et pourtant l’inverse prime le plus souvent : s’agiter quand il nous faudrait rester immobile, s’immobiliser alors qu’il faudrait bouger, se relaxer au lieu de se tendre, mettre du froid pour anesthésier la douleur quand les chairs réclament du chaud pour guérir…
Lâcher les commandes, privilégier la volonté du corps sur celle de nos conditionnements mentaux, cela peut se faire par l’écoute attentive aux sensations internes : elles alertent, guident et déjà agissent.
Contre la pierre « tension », les ciseaux « détente volontaire » n’ont que peu d’effet ou bien s’abîment. Seule la feuille « attention » va prendre en compte l’origine du problème. La dispersion des forces de l’organisme pendant une fatigue, ou à la suite d’un choc, une chute, un deuil, etc., a fait que le corps s’est rassemblé et recentré, et pour cela, s’est tendu ou mis sous pression. Tensions et pressions sont déjà des réponse à un besoin de cohérence et cohésion. Ce point de vue change la donne.
Au lieu de lutter contre mes tensions et pressions, je vais avec elles. Le corps se met à se contracter, tordre, vibrer, trembler, presser, compresser… Les solutions sont aussi imprévues qu’innovantes, dialogue créatif et respectueux entre le corps et son histoire, reflet vivant de son vécu avec son entourage et environnement.
La récompense est immédiate, comme la cerise sur le gâteau d’Akiko-san...
Andréine Bel
Notes :
1) La feuille qui entoure le gâteau appelé sakuramochi au Japon est celle du cerisier à fleurs, connue pour ses propriétés antiseptiques, de manière à éviter entre autres les caries dentaires… que pourrait causer le gâteau.