Dans la maison du corps, parmi l’infini des possibles que la main écoute, une seule solution va émerger pour répondre aux besoins exprimés. Le geste se déroule comme tout mouvement, en un certain temps, avec une certaine intensité, et sur un certain trajet. La main doit savoir où et quand commencer son geste, où et quand le finir, et comment cheminer entre ces deux extrémités.
Or, lorsque l’accompagnant se place au cœur des sensations internes, tout se modifie. Température, consistance et mouvement font une ronde où chacun des trois paramètres pourrait à tout moment précéder l’autre. Le temps disparaît, la durée1 le remplace. Ses ondulations changent de cap selon l’humeur, grésillent comme des adolescents survoltés ou s’engourdissent comme la marmotte au cœur de l’hiver.
Le temps s’efface, l’immuabilité des saisons comme des sensations a fait son temps.
Franchir l’océan et le passé pour écouter dans la chaleur d’un foyer, le chant des grillons à nul autre pareil.
Andréine Bel
1 Bergson, Henri (2013). La Pensée et le Mouvant. Paris : PUF.