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Le renouveau

February 2019
切り口の 新しき枝に 梅ふふむ
Kirikuchi no
atarashiki e ni
ume fufumu
À l’endroit de la coupure
sur la nouvelle branche
les fleurs de prunier

Akiko Noguchi

Les maladies bénignes ont un statut spécial : elles viennent et s’en vont sans causer le moindre tord à l’organisme. Une fois la crise passée, le renouveau se manifeste lors de la convalescence, phase délicieuse où le corps semble redevenir « tout neuf ».



Le paradoxe est tangible : lumbago, tendinite, sinusite, crampes, tétanie, spasmophilie, migraine, acouphènes, etc. sont des affections bénignes mais  leur paroxysme n’offre aucun moment de répit. Entre douleur et faiblesse, la personne en arrive à ne plus savoir que faire d’elle-même.



Les médicaments font taire la douleur et disparaître le symptôme, mais ne guérissent pas l’affection, qui n’attendra qu’une prochaine occasion pour délester le corps de ce qui l’encombre. Il suffit d’un déclencheur : une grande fatigue, un stress, un choc ou une chute. Offriraient-ils l’occasion de « resensibiliser » l’organisme à ses besoins ?



Une vertèbre, un tendon fatigués par des mouvements répétitifs et/ou en porte-à-faux deviennent froids et douloureux. Ils s’engourdissent pour se protéger de toute nouvelle agression. Leur besoin : être réchauffés et s’immobiliser dans un premier temps, ce qu’ils font grâce à l’inflammation. La main qui les accompagne devient d’abord froide et engourdie, puis brûlante et picotante, avant de pouvoir exercer la moindre pression ou mise en tension.


La cause d’une allergie respiratoire est l’engourdissement des sinus hypersensibles. Pour défaire l’engourdissement réveillé par les allergènes, picotements, échauffement et démangeaisons sont une première mise en mouvement interne. La main peut accompagner le processus : elle refroidit, s’engourdit, puis s’échauffe. Percevant en elle les pressions et tensions à l’origine de l’engourdissement, l'accompagnant exerce les pressions et mises en tension adéquates. L’engourdissement se défait peu à peu, et l’allergie diminue, devenue moins nécessaire.


Les crampes veillent au tonus de l’organisme, tétanie et spasmophilie prennent soin de son équilibre nerveux. Les migraines veillent aux tensions et toxines du cerveau – quand ce n’est pas du foie – les acouphènes, à l’acuité auditive.



Une double stratégie se met en place : protéger l’organisme quand sa tolérance est dépassée, et contrôler cette protection pour qu’elle ne devienne pas dommageable en elle-même.



Comment aider le corps dans son travail de sauvegarde ? Il est légitime de vouloir ne plus avoir mal avant toute chose, mais l’organisme reste incompris dans ses besoins.


La nouvelle branche du prunier porte des fleurs, gardons-nous de la couper !

Andréine Bel