Il faut bien la finesse du petit pour rendre immense le grand, la délicatesse du grand pour donner voix au petit. L’automne est peut-être celle des saisons qui rend aux extrêmes leur équilibre, leur unité, ce silence audible.
Le petit parle de l’insignifiant, et c’est un repos pour l’esprit de ne pas se préoccuper du sens.
Le grand invite une multitude d’images, croyances, histoires, métaphores… Mais pour le paysage interne du corps, les limites sont floues, les frontières s’amollissent et l’inouï reprend du service pour être audible autrement.
Quand il joue les modestes, le petit renonce à l’infini qui le nourrit. Mais qu’il gagne en force, et la plus petite brise lui tend le micro.
C’est une danse.
Le geste d’accompagnement est insignifiant : il se tait pour donner l’espace, le poids et le temps. Il n’a aucun message ni de forme à transmettre,pas d’intention ouverte ni cachée. Infiniment petit, il soulève les montagnes. Rapide comme l’éclair, ou lent comme le souffle d’une mère, son mouvement évoque la trace du pinceau du calligraphe : les possibles se déclinent par milliers, mais un seul coup est permis.
Accompagner, cela ne se fait pas sur le dos de l’autre, ni sous lui, ni devant avec une longe, ni derrière en le poussant. Mais côte à côte, face aux étoiles, au bruit du vent dans les feuilles…