Paisible ou anxieuse, l’attente est toujours surprenante. La pensée essaie de se fixer sur ce qui n’est pas là encore mais qu’elle anticipe : la venue de l’aimé, la peur d’une catastrophe, la prémonition d’un destin, la transformation des sensations que la main accompagne. Enjeux et désirs sont au rendez-vous, se frayant un chemin dans le dédale de nos émotions. Le temps est comme suspendu, immobile et nous paraît interminable : que la chose attendue arrive et il reprendra son cours !
Rien de ce qui se passe pendant l’attente impatiente n’a d’importance, la vie est entre parenthèses, en mode automatique. On mange, dort, parle, accompagne… sans s’en rendre compte. De temps en temps, un moment de lucidité : tiens ! mon assiette est vide, il est déjà nuit.
Il faut l’attente sans anticipation pour que la vie enlève ses parenthèses. Sentir passer le temps, les saisons, les années comme on sent un fumet, les voir comme on touche l’invisible, comme on entend l’inaudible. Tous disparaîtront.
Andréine Bel