Lorsque ma main perçoit une sensation interne à elle-même, ce peut être une chaleur douce, une légère tension et de petits picotements. J’en déduis avoir capté trois sensations : une relative aux températures, l’autre aux consistances et la troisième aux mouvements internes. En réalité, je n’ai perçu qu’une sensation, avec ses trois paramètres qui la définissent et la qualifient.
Une sensation « normale » ne se remarque pas. Mais sa présence est active, elle nous sert de repère.
Dès lors que la sensation sort de sa normalité, mon attention est attirée. Si la perception s’exacerbe, cela m’alerte. L’inflammation des tendons va donner à mon poignet une sensation de brûlure, de raideur avec des picotements chauds sur un fond froid. Il faut un soutient et un apport extérieur de chaleur – attelle, bain chaud – pour combler le besoin d’immobilité et permettre à l’excès de froid sous-jacent de s'évacuer. L’excès de chaud compensateur peut alors diminuer. Les températures internes du poignet se régulent, la souplesse revient, les picotements s’apaisent. Tout cela se fait simultanément, en une transformation constante et unifiée dans l’ensemble du corps.
Plonger dans les sensations, c’est comme entrer chez soi au soir d’un jour d’été radieux : la sensation est partout, immanente et unique mais infiniment variée, au point que le soleil couchant lui-même semble avoir ce parfum de fleurs de prunier.
Andréine Bel