子犬にも ジヤケット着せて 七五三
koinu ni mo
jacketto kisete
shichi go san
Même les jeunes chiots
portent une jaquette
au festival des enfants
Akiko Noguchi
La drôlerie du mimétisme tient à l’imitation elle-même. Aussi décalée soit-elle, elle parle de ce qu’il y a de commun à tous les êtres vivants : la sensibilité à ce qui met le cœur en joie.
L’imitation, c’est le chemin entre soi et l’autre. Pas d’apprentissage sans imitation : je fais comme l’autre pour ne pas avoir à réinventer le fil à couper le beurre. Je m’exerce, pratique, réfléchis, adopte ou rejette...
Le chemin de l’imitation n’est pas un long fleuve tranquille. Il me faut faire mien ce que montre l’autre. Le plus souvent, la proposition gêne aux entournures : je n’ai pas le même corps, pas la même histoire ou culture. Ou alors, ça étrangle comme un nœud gordien : plus j’essaie de m’en défaire, plus ça serre et finit par m’immobiliser. Adoptée ou rejetée, la chose imitée va se perpétuer ou finir par disparaître. Ce qui était frais et inventif devient redondant et ennuyeux.
Comment ne pas entrer dans un phénomène de mode sans abandonner le partage que l’imitation autorise ? Pour une pratique toute nouvelle, la tentation est grande de délimiter la méthode, la technique, pour que la transmission ne soit pas dévoyée. Le danger est de l’enfermer. Les querelles d’écoles s’ensuivent, sans fin ni limite : les murs n’ont jamais arrêté les idées.
Faut-il alors laisser tout aller à tout va ? Considérer que tout se vaut ? Ne rien discerner ? Quand tout ressemble à n'importe quoi, même le mimétisme devient impossible.
Le yukidō a vocation à toujours évoluer. Pour ne pas devenir une mode, il lui faut être en recherche constante, remettre cent fois l’ouvrage sur le métier. Il lui faut se situer, discerner, dire ses sources, ses hypothèses et questionnements. Jamais aucune pratique n’arrive toute cuite dans le chaudron de sa fabrication. Le yukidō élabore et pourtant n’invente rien : l’involontaire de l’organisme et l’homéostasie culturelle ont déjà tout vu et revu depuis l’apparition de la vie sur terre.
Depuis deux milliards d’années, le vivant a imité le vivant, mais avec assez d’inventivité pour que toujours il s’améliore – au hasard des rencontres et des coopérations, et avec l’insondable capacité à garder identique l’essentiel. Le tout avec une note d’humour devant ce qui étonne toujours : l’infini talent pour chaque changement de devenir une réjouissance efficace et sereine, comme à la fête des enfants un jour d’automne.
Andréine Bel