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Confiance et homéostasie

November 2019
お仕着せの 晴れ着ばかりの 七五三
oshikise no
haregi bakari no
shichi go san
Les enfants des serviteurs –
leurs plus beaux habits
pour invoquer les dieux

Akiko Noguchi

La nature nous incite à lui faire confiance pour mieux la préserver.

La science a donné un nom savant et fédérateur à ce phénomène naturel : l’homéostasie1. Ce processus permet à l’organisme de conserver l’équilibre de son milieu intérieur.

L’écoute des besoins de l’enfant commence dès la naissance, et cette écoute nous vient de l'involontaire2.

Le nouveau-né signale sa faim ? La montée de lait s’active, le mamelon et son aréole guident sa bouche vers le sein par l’odeur qu’ils exhalent.

Le bébé babille pour converser ? La maman prend sa voix perchée et double certains sons : c’est le langage qu’il comprend pour apprendre.

C’est l’heure de manger ? Le papa ouvre la bouche en même temps que son enfant pendant qu’il lui donne la petite cuillère. C’est irrépressible, les neurones miroirs3 ne nous laissent pas le choix, ils favorisent le lien. Tous ces agissements non seulement préservent la vie, mais la cultivent depuis toujours, quelques soient les enfants et les dieux.

En cultivant la vie, elle s’enrichit. Damasio4 parle de la culture comme d’une homéostasie  à part entière.

La fabrique de la culture commence dès le plus jeune âge. Les bébés ont des oreilles sensibles pour écouter les plus beaux chants, leurs yeux perçants déploient le monde. Leur odorat délicat se nourrit des parfums intègres, leur goût des saveurs les plus authentiques.

La culture nourrit comme le lait de la mère, comme l’hébétude du père qui n’en revient pas de tant d’appétit, comme l’éclat de rire de l’enfant devant les cabrioles cocasses de son chat. L’art du monde c’est de vivre, et le miracle s’accomplit.

Confiance et homéostasie se donnent la main, cet appétit de vivre,

 

Andréine Bel

 

1  Homéo : semblable ; stasie : situation : « Tendance de l’organisme à maintenir ou ramener les différentes constantes physiologiques (température,débit sanguin, tension artérielle, etc.) à des degrés qui ne s’écartent pas de la normale. » (TLFi)

2  Schopenhauer parlait lui de « Wille », au sens d’un désir universel de vivre, de volonté irrépressible, aveugle et sans but qui se manifeste malgré nous et de toutes les manières possibles.

3  Neurones prémoteurs qui s’activent aussi bien lors de l’exécution d’une action que lors de l’observation d’une autre personne en train de faire cette même action.

4  Damasio, Antonio (2017). L’ordre étrange des choses. La vie, les sentiments et la fabrique de la culture. Paris : Odile Jacob.